Comme vous le savez probablement, l’article L.134-6 du code forestier donne obligation de débroussaillement à tout propriétaire autour de son habitation sur une profondeur de 50 mètres. Les voies privées y donnant accès doivent être nettoyées également sur une profondeur de 10 mètres et sur une hauteur minimale de 4 mètres.
Cette obligation légale de débroussaillement est très insuffisamment respectée par les particuliers. Or, elle constitue la principale mesure de prévention que nous pouvons réaliser. Les maires étant responsables de son application, du point de vue de l’exécution et du contrôle, depuis 2001, ils disposent de pouvoir de police et d’outils juridiques pour y parvenir.
La situation est inquiétante pour tous les observateurs. Les conditions météorologiques extrêmes et les terres délaissées par le pastoralisme et l’agriculture font que la forêt s’étoffe et accumule énormément de combustible. Ces deux facteurs augmentant considérablement le risque de feux de forêt.
Les étés 2016 et 2017, très secs et chauds, ont vu le développement de grands incendies dans le Sud-Est, d’une puissance et d’une vitesse hors norme. Vincent Pastor, expert en feu de forêt pour le SDIS souligne, à propos de l’incendie qui a ravagé les communes au nord de Marseille en 2016 (à l’image de ceux qui ont touché le Portugal en 2017) : « On estime qu’un incendie est catastrophique lorsqu’il parcourt 200 hectares en une heure… Il en a dévasté 780 en moins de deux heures et a progressé par des sautes de plus de 800 mètres. Les flammes ont atteint jusqu’à 50 mètres de haut. » Et autre fait marquant, le feu s’est propagé en zone urbaine et s’est propagé de maison en maison par les haies…
Pour les combattre efficacement, ou mieux encore les tuer dans l’œuf, l’idéal est de les anticiper.
Les incendies devenant de plus en plus intenses et ravageurs, les moyens de lutte ont évolué (taille des camions citerne, drones, hélicoptères, avions,… ). Mais malgré tout, les limites de la technologie sont atteintes du fait des conditions météorologiques extrêmes des deux dernières années. « Il n’y a pas de solution miracle pour les éteindre. La meilleure arme contre ces feux, c’est leur anticipation. » Eric Rodriguez, SDIS Bouches-du-Rhône.
Dans cette optique d’anticipation, Météo France a créé l’IFM, indice forêt météo (qui compte 6 niveaux, de faible à exceptionnel), calculé quotidiennement à partir de la température, de l’humidité de l’air, de la vitesse du vent, des précipitations et de l’état de la végétation pour évaluer le risque d’éclosion et de propagation des feux. Cet indice permet aux SDIS afin d’adapter le dispositif. Cependant, comme le précise le colonel Grégory Allione « La capacité de solidarité entre départements est amoindrie. Des départements qui jusqu’en 2003, venaient en renfort de ceux qui sont exposés aux feux de forêt ne peuvent plus l’assumer, faute de matériel et de personnel formé. L’âge moyen des camions citerne est de 13 ans, la moitié n’est pas aux normes de sécurité. Les SDIS des petits départements n’ont pas les moyens d’échanger tous leurs véhicules contre des neufs qui coûtent entre 250 000 et 350 000euros ».
Le débroussaillement autour des habitations qui incombe aux propriétaires a démontré son efficacité dans le contrôle du combustible. Plusieurs retours d’expérience d’incendies montrent que 80% des maisons correctement débroussaillées sont épargnées par le feu.
L’affichage au bord des routes du risque qu’il y a à jeter un mégot, l’interdiction de faire du feu, notamment.
« Il faut réinvestir dans la gestion forestière car on a laissé se développer de véritables poudrières », plaide Sébastien Lahaye, coordinateur du projet européen « FIre in » au pôle Safe à Aix-en-Provence. Avec la déprise agricole, les continuités végétales combustibles engendrent des feux multiformes et très étendus lorsque les conditions de sécheresse sont réunies. » Les arbres morts augmentent aussi la masse de bois hautement inflammable.
Espaces cultivés
Les vignobles et les oliveraies constituent d’excellents pare-feu. Certaines régions ont lancé des plans de réhabilitation des cultures notamment en terrasse.
Cloisonner les massifs
Le meilleur moyen de limiter les surfaces brûlées est de cloisonner les massifs : c’est le rôle premier des pistes de défense de la forêt contre les incendies (DFCI) qui permettent aussi aux pompiers d’intervenir au plus près des flammes. L’état soutient des projets qui utilisent le pâturage comme outil DFCI.
Faire attention à ce que nous plantons autour des maisons
Choisir des plantes ornementales les moins inflammables et les positionner correctement autour de la maison peut aider à réduire les risques de feu. Les haies et les plantes grimpantes par contre créent une continuité qui permet la propagation des flammes vers les habitations. Guide « Le risque incendie dans les interfaces habitat/forêt ».
(Extraits de l’article Feux de forêt : comment éviter le scénario du pire, Isabelle Verbaere, La gazette des communes)
Pour aller plus loin : « La campagne feux de forêts s’annonce tendue » : La Gazette des communes
A lire : « Feu, ami ou ennemi ? », de Nadine Ribet aux Editions Dunod, révèle le feu dans toutes ses dimensions, historiques, scientifiques, culturelles et philosophiques, à travers 31 mots clés.